L’amour leur fait peur : un sentiment devenu difficile à appréhender
Recevoir de l’amour peut sembler aussi étrange que parler une langue étrangère qu’on n’a jamais apprise. Les adultes ayant manqué d’affection dans leur enfance voient dans l’affection une menace potentielle plutôt qu’un refuge. Ils doutent de la sincérité des sentiments qu’on leur porte, s’attendent à être trahis ou abandonnés.
Cette peur peut générer deux comportements opposés : soit une dépendance affective où l’on s’accroche désespérément, soit une attitude fuyante où l’on rejette toute attache. Un paradoxe douloureux : vouloir aimer sans jamais vraiment s’autoriser à le faire.
Exprimer ses besoins devient un défi intérieur
Ces personnes ont souvent grandi en mettant leurs émotions sous silence, comme on range des affaires dans une armoire trop pleine. Résultat ? Elles peinent à formuler ce qu’elles ressentent ou désirent. Elles ont appris à prioriser les autres, à porter le poids émotionnel du groupe, à dire oui quand elles pensaient non.
Fixer des limites ? Inenvisageable. On leur a fait croire que leurs émotions étaient gênantes, voire invalides. Elles s’effacent alors dans les discussions, minimisent leurs ressentis, et finissent parfois par ne plus savoir ce qu’elles veulent vraiment.
Un manque de reconnaissance qui marque toute une vie
Être aimé ne se limite pas à offrir un toit et de la nourriture. C’est aussi, et surtout, une question de regard, d’écoute, de valorisation. Les enfants qui n’en ont pas bénéficié cherchent souvent, à l’âge adulte, cette reconnaissance ailleurs : au travail, dans le regard des autres, dans des relations parfois toxiques.
Ce besoin constant d’approbation peut devenir épuisant. Comme une bouteille vide qu’on tente de remplir sans fin, ils cherchent à combler un vide affectif qui date de très loin.
Comment sortir de ces schémas ?
La bonne nouvelle, c’est que ces blessures ne sont pas une fatalité. Comprendre leur origine, c’est déjà faire un pas immense vers la guérison. La thérapie, les lectures, les groupes de parole, ou simplement des relations bienveillantes peuvent peu à peu reconstruire une estime de soi abîmée.
Comme pour réapprendre à faire du vélo après une chute, il faut du temps, de la patience, et surtout… beaucoup de douceur envers soi-même.