J’ai toujours su que j’étais adoptée. Mon père, Laurent, me l’avait annoncé quand j’avais trois ans. Six mois plus tard, ma mère adoptive, Claire, est décédée, ne me laissant qu’un souvenir flou : son sourire chaleureux. Après cela, il ne restait plus que mon père et moi. Vivre avec lui n’a jamais été simple. Il me rappelait souvent que je n’étais pas sa véritable fille. Au moindre problème, il lâchait des phrases blessantes comme : « Tu tiens ça de tes vrais parents » ou « Tu devrais être reconnaissante que je ne t’aie pas laissée ». Je n’oublierai jamais mes six ans, le jour où il a annoncé devant les voisins que j’étais adoptée. Le lendemain, à l’école, les enfants m’appelaient « la fille de l’orphelinat ». Les moqueries n’ont jamais cessé. Quand je rentrais en larmes, il se contentait de dire : « Les enfants sont comme ça. » Pire encore, chaque année pour mon anniversaire, il m’emmenait dans un orphelinat pour me « rappeler » à quel point j’étais chanceuse d’avoir été choisie. Pendant trente ans, j’ai vécu avec la conviction que j’avais été abandonnée et que je n’étais qu’un fardeau. Mon fiancé, Julien, a été le premier à m’encourager à en apprendre davantage. — Peut-être que connaître la vérité sur tes parents biologiques t’apportera la paix, m’a-t-il dit. Au début, j’ai refusé. À quoi bon ? Mais il a insisté, et il y a quelques semaines, nous sommes allés ensemble à l’orphelinat dont mon père m’avait toujours parlé. À l’accueil, une femme a fouillé les archives avant de me dire : — Je suis désolée, mais nous n’avons aucun dossier à votre nom. J’ai senti mon cœur se figer. Sous le choc, je suis allée directement chez mon père. Dès qu’il a ouvert la porte, j’ai lâché : — Nous sommes allés à l’orphelinat. Ils ne me connaissent pas. Pourquoi as-tu menti ? Il est resté silencieux quelques secondes avant de murmurer : — Je savais que ce jour arriverait. Puis, il a commencé à tout avouer… voir plus

Se reconstruire et retrouver sa place

Apprendre que son passé repose sur un mensonge est un séisme. Mais c’est aussi l’occasion de reprendre les rênes de son histoire. Ce que j’ai compris ce jour-là ? Nous ne sommes pas définies par ce qu’on nous raconte, mais par ce qu’on décide de construire à partir de là.

Avec le temps, j’ai choisi de me rapprocher de personnes qui m’apportent du soutien et de la chaleur. J’ai aussi accepté que mes racines soient plus complexes que je ne le croyais, et que c’est justement cette singularité qui me rend unique.

Si vous avez, vous aussi, un doute ou un secret qui plane sur votre histoire familiale, sachez que chercher la vérité n’est pas un acte de rébellion, mais un acte d’amour envers vous-même. Parce que connaître ses origines, c’est se donner la chance de mieux se comprendre… et de s’aimer pleinement.

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